Tombeau de la Chrétienne

(Kbour-er-Roumia)

cliquer sur la carte postale pour l'agrandir

 

 

La légende du Tombeau de la Chrétienne

L'arabe Ben-Kassem, d'une tribu de la Mitidja, ayant été fait prisonnier de guerre par les Roumi, fut emmené en Espagne, où, vendu comme esclave à un vieux taleb  (un savant), il ne cessait de gémir sur une captivité qui l'enlevait a sa famille.

" Ecoute, lui dit un jour son maître, je puis te rendre à ta famille, à ton pays, si tu veux me jurer de faire ce que je vais te dire; et en cela il n'y aura rien de contraire à ta religion. "

Ben-Kassem, assuré de ne point perdre son âme, jura d'obéir fidèlement.

" Tu vas t'embarquer, continua le taleb, retourner vers  tes parents et passer trois jours avec eux; ensuite tu te rendras au Kbour-er-Roumia, et là, tu brûleras le papier que voici, sur un brasier, en te tournant vers l'orient. Alors, quoiqu'il advienne, ne t'étonnes de rien et rentres sous ta tente. Voilà tout ce que tu auras à faire, en échange de la liberté que je te rends. "

Ben-Kassem, revenu au pays, exécuta ponctuellement  les recommandations de celui qui avait été son maître. A peine le papier fut-il consumé, qu'il vit le Kbour-er-Roumia s'entrouvrir, pour donner passage à un nuage de  pièces d'or et d'argent, qui s'élevait et filait du coté de la mer, dans la direction de l'Espagne. Ben-Kassem, d'abord immobile de surprise, s'avisa cependant bientôt de jeter son burnous en travers du courant de pièces  passant au-dessus de sa tête, et il réussit à en faire tomber quelques-unes, qu'il ramassa bien vite. Mais soudain le tombeau se referma, le charme fut rompu et le courant cessa.

Pendant longtemps l'arabe garda  le silence sur cette aventure; mais, un jour, il ne put s'empêcher de la raconter dans sa tribu; et, de proche en proche, elle  arriva jusqu'aux oreilles du Pacha d'Alger, qui s'empressa  d'envoyer une troupe d'ouvriers chargés de démolir le Kbour, et de lui rapporter le trésor qu'ils y trouveraient. A peine ceux-ci avaient-ils donné les premiers coups de pioche, qu'on vit une femme paraître sur le sommet du tombeau, et qu'on l'entendit s'écrier: « Haloula ! Haloula ! » . Aussitôt une nuée de moustiques, venant du lac Haloula, s'abattit sur les travailleurs, et les piqua tellement qu'ils prirent la fuite et n'osèrent plus revenir.

Voilà ce que raconte la Légende arabe. Ce qu'il y a de vrai dans ce récit, c'est qu'en effet un Pacha, et même successivement deux Pachas turcs, d'une curiosité ignorante et cupide, contribuèrent par des tentatives de ce genre à la ruine de ce monument Berbère-Mauritanien que nous connaissons plus particulièrement sous le nom de « Tombeau de la Chrétienne ».

 

   " Récits de l'Algérie " par le Colonel M. De Boureulle

(Revue des Sociétés Savantes des Vosges, 1879)      

 

Retour aux jours heureux