Lettre de Warnier en date du 18 novembre 1859

 

 

 

Warnier décrit l'état sanitaire de l'Haouch Kandoury, et demande de création d'une route :

" L'insalubrité s'est accrue, la route n'a pas reçu un centime d'allocation, ma ferme a servi de quartier général et de point d'appui aux travailleurs du lac, ma personne s'est trouvée transformée en un frère hospitalier donnant des soins à tous, ma ferme n'a été qu'un hôpital. J'ai actuellement une belle et bonne maladie de foie qui tôt ou tard me conduira à la tombe. J'ai fais venir du Charolais deux vaches et un taureau, de 2 ans chaque, pure race et premier choix, chacune de ces bêtes me coûtant 500 francs. Malgré tous les soins apportés (écurie, litière, soins, bains, nourriture..) ces bêtes sont mortes, l'autopsie a trouvé le foie et la rate en pleine putréfaction ... Comment des hommes pourraient résister quand des bêtes robustes succombent...

Aujourd'hui tous les colons sont découragés et demandent l'assèchement de l'Oued Djer ... Par suite de la remise du territoire à une Administration nouvelle (civile) on a la prétention de remplacer par deux ingénieurs résidant à Alger des vingtaines d'officiers du génie ... L'Ingénieur militaire du lac, le capitaine Schmitt, réside à la ferme et travaille de six heures du matin à sept heures du soir ... comment un ingénieur résident à Alger peut-il faire aussi bien que lui.

Cette lettre se termine en demandant la création du village d'Attatba qui accéléra la création de la route

 

 

 

Lettre de Warnier en date du 4 février 1860

 

 

Cette lettre, au Préfet, fait état d'une visite à la ferme d'un agent communal de Mouzaïaville en janvier 1860 pour y faire l'inventaire de la matière imposable soumise aux taxes municipales et auquel Warnier a refusé de répondre. Par décret impérial d'août 1859 la ferme a été annexée à la commune de Mouzaïaville. Aussitôt la remise de ce territoire par l'autorité militaire à l'autorité civile, Warnier a demandé au maire d'être admis à participer aux avantages de la vie communale (gardes champêtres, gendarmes, visite régulière du médecin, distribution à domicile de sa correspondance, secours religieux du prêtre). Le Maire a répondu qu'il ne pouvait rien faire par manque de communications (éloignement, manque de routes, obstacles à surmonter: rivières, marais, bois) ...

La lettre décrit ensuite les difficultés des colons à Kandoury, Telli, Tuitaka, Bérard et qui menacent d'abandonner les propriétés et fermes ... La création d'Attatba est toujours retardée

Warnier cite encore le manque de secours à Bérard  où des colons vivent et meurent, à Tipaza où monsieur et madame Demouchy emploient une vingtaine de personnes, au Kandoury fondé il y a 7 ans et où travaillent 40 individus. Il déplore le décès de monsieur Rising (ferme Rising) et affirme que les secours médicaux sont nuls, absolument nuls.

" En ce moment 200 terrassiers travaillent au dessèchement du lac Alloula (bientôt 300) mais pas de médecin ... Quand il a fallu faire venir un médecin à Kandoury il a fallu prier, supplier, fournir chevaux et voiture, payer 20 francs. Mon compte de médicaments chez monsieur Simounet, pharmacien à Alger, est de 300 francs, sans compter ce que je demande aux pharmaciens de Coléah, Blidah ou Marengo ... "

 

 

Cette lettre est envoyée par le préfet au ministre qui la renvoie avec une annotation en marge reconnaissant quelque chose de fondé dans la demande de création d'un nouveau centre ... mais le ministre ajoute :

" Cette lettre montre bien l'esprit algérien des colons qui réclament toutes les libertés de la colonisation américaine dans leurs journaux mais qui veulent en même temps que l'état fasse tout, route, médecine, dessèchement, administration. "

 

Sources : A. O. M.

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