... Et après ...

 

 

 

 

Dans les semaines ou premiers mois qui ont suivi l'indépendance, tous les " Européens " ont quitté le village pour la France. Ils se sont dispersés dans toutes les régions et une nouvelle vie a commencé. Si la plupart d'entre eux se sont installés dans la moitié sud de la France, d'autres se sont retrouvés dans la moitié nord et en particulier une jeune institutrice ...

 

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Un clin d'oeil du destin

A sa sortie de l'Ecole Normale d'El Biar en 1961, Maryse Cachia est nommée à l'école Trumelet de Boufarik avec en charge une classe de CE2 de 48 petits Arabes.

Le 18 juin 1962, l'A.L.N (Armée de libération Nationale) occupe cette école ; Maryse, obligée comme ses collègues de quitter sa classe sous la menace des mitraillettes, n'acceptera de sortir qu'après l'évacuation complète de ses élèves.

Retour précipité par la Corse sur le Sanpierro Corso chargé de rapatriés, passage par Nice et Toulouse et arrivée à Tournon d'Agennais où la famille est déjà installée.

Après quatre mois elle est nommée à.....Colombey-les-Deux- Eglises !

Titulaire d'une classe de trois  cours (CM1, CM2 et fin d'études), elle est bien accueillie par ses collègues, ses élèves et leurs parents, mais sera persécutée par son Directeur,  jusqu'à ce que l'Inspecteur d'Académie tranche en sa faveur.

Durant cette mémorable année scolaire à Colombey, le Président de Gaulle vint visiter la classe de la petite institutrice rapatriée qui fut invitée à la réception au foyer culturel.

 

 

 

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Impressions, 20 ans après

 

Certains d'entre-nous sont retournés " en pèlerinage " quelques années après l'indépendance. Laissons parler l'un d'entre-eux.

... Je parcours le village à la recherche de mes souvenirs; ils accourent à chaque coin de rue et se bousculent dans un chaos étourdissant; les images défilent à toute vitesse, les jours heureux et les moments tragiques, mon enfance, mon adolescence, avec des bouffées de joie intense en revoyant quelqu'un de connu ou un endroit que j'avais oublié ; mais aussi des moments terribles, comme devant le café Pinos où ce lâche attentat avait un soir endeuillé le village, ou en constatant que l'Eglise était habitée et que le monument aux morts avait été rasé et remplacé, et surtout en rentrant dans le cimetière et en voyant les tombes en partie éventrées.

Un ami faisant partie du voyage me dira : " tu vois, nous sommes venus revoir un Pays et nous avons retrouvé des Hommes ! " C'est vrai, nous avons été partout bien accueillis dès que l'on savait qui nous étions. Nous avons rencontré souvent beaucoup de sympathie assortie d'attentions, de cadeaux ou d'invitations, parfois de la curiosité, surtout de la part des plus jeunes, dans le pire des cas de l'indifférence, mais jamais de haine.

Les nombreuses entreprises de démolition n'avaient pas, jusque là, réussi à m'inoculer le complexe du colonialiste. Ces voyages m'ont conforté dans mes convictions et les événements qui se déroulent aujourd'hui, tant en Algérie qu'en France, sont autant de preuves de ce formidable gâchis dont nous n'avons pas fini de subir, ni les uns ni les autres, les conséquences. "

 

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Salam Aleïkoum

 

Petit salut en forme de poème composé en Arabe par Denise Alberti, et destiné aux habitants du village

 

Narbonne Bled mlêh

U bhar grêb

Fransa mlêha u shebâ

B-es-sahh fi galbi

Mâ nsesh bledi

Hâdak huwwa

Es-salâm ali-kum en-nâs ntâ Attatba.

 

Narbonne est une ville plaisante

Et la mer est proche

La France est belle et bonne

Cependant dans mon cour

Je n'oublie pas mon village  

C'est ainsi

Bonjour aux gens d'Attatba

 

 

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La vie en communautés

On peut difficilement raconter l'histoire d'un village d'Algérie, sans évoquer les rapports entre les différentes communautés.

Comme on a pu le voir tout au long des chapitres précédents, les groupes ethniques, Arabes et Kabyles, Européens, Juifs cohabitaient sans problème et se côtoyaient dans tous les aspects de la vie sociale : au travail, dans les rapports commerciaux, à l'école, au cinéma, au café, sur le stade, au conseil municipal, etc. Chacune conservait ses propres coutumes, son mode de vie et ses croyances, sans vouloir les imposer aux autres.

Les écoliers apprenaient certes le Français ( que n'a-t-on pas glosé sur le " Nos ancêtres les Gaulois " ) pour leur permettre d'accéder à la connaissance ; mais beaucoup d'Européens parlaient parfaitement l'Arabe, qu'ils l'aient appris dans la rue ou au lycée.

A Alger, Oran, Constantine, les choses étaient un peu différentes, comme dans toutes les grandes villes du monde, les habitants de même origine se regroupant par quartiers. Dans les villages, nous vivions les uns à côté des autres. Si "les burnous suaient", les paletots aussi, et tout le monde mangeait à sa fin., les plus démunis étant pris en charge par la commune.                         

Certes, avec les événements les relations se tendirent d'abord pour se durcir ensuite, les meneurs ayant réussi par la propagande et les attentats à dresser progressivement les communautés l'une contre l'autre. Mais ils ne réussirent pas effacer complètement les 130 ans de vie commune ; s'il n'en fallait qu'une seule preuve, ce pourrait être l'émotion réciproque ressentie lors des retrouvailles, même 20 ans après ...

" Cette Haine qui ressemble à l'Amour ", dit Jean Brune. Il faut avoir vécu cette période pour connaître toute la subtilité des relations que nous avions les uns avec les autres et ne pas tomber dans les clichés réducteurs de nos adversaires, repris par la masse de ceux qui ne peuvent pas comprendre.

L'Algérie française fut le laboratoire d'une double expérience humaine très intéressante, mais malheureusement inachevée.

Elle démontra d'une part que des hommes d'origines différentes, mais de même culture, de même religion et de niveau de civilisation égal peuvent facilement et rapidement se mêler par le sang ; en 130 ans, des migrants européens venus de France, d'Espagne, de Malte ou d'ailleurs, ont créé un peuple nouveau. Chacun apporta un peu de ses coutumes, de sa culture et de son savoir faire.  Notre accent, notre pataouete, notre cuisine, notre joie de vivre sont des preuves concrètes de ce mélange réussi. Et s'il était encore trop tôt pour que se dessinent les grandes lignes d'un même type physique, la similitude des comportements, des gestes et des expressions est si marquée, qu'un Pied-Noir en reconnaît un autre à sa seule vue.

Mais elle prouva aussi que des hommes de race, de religion et de culture différentes peuvent vivre côte à côte sans vouloir obligatoirement se mélanger. La grande sagesse de la colonisation française fut d'apporter d'abord aux populations locales les conditions essentielles du développement : la technologie, l'instruction, la médecine, la sécurité, sans vouloir les intégrer à tout prix ni les " repeindre en bon Français ".

Elles auraient pu ainsi se développer et accéder peu à peu à la civilisation moderne, dans leur environnement naturel et en harmonie avec leurs croyances et leurs coutumes ; le temps aurait fait ensuite  son oeuvre. Une intégration ne peut se réaliser que progressivement, après une longue cohabitation qui permet de se connaître, et donc de se respecter, et en quelque sorte de se mettre en phase. Elle échoue lorsqu'elle se décrète par idéologie et qu'elle se veut immédiate.                                    

Il n'y avait pas chez nous "d'apartheid", ni de domaines réservés en dehors de la religion, de la famille ou des coutumes. Nous vivions ensemble, mais à côté, ce qui n'empêchait ni les rapports, ni les échanges, ni les amitiés.

 

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Avant, après

 

Cliquer sur les photos pour agrandir

Avant

Après

L'église , maintenant sans croix et habitée

La Mairie

La poste

Le monument aux morts

 

> 

la boulangerie

La maison A.

 

Le cimetière avec certaines tombes éventrées

 

 

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Attatba, à la une internationale

 

En été 1997, notre village a connu pour la première fois les honneurs de la presse, lorsqu'a été annoncée la mort de " l'émir du G.I.A ", Antar Zouabri, alias Abou Talha Antar, qui aurait été abattu en compagnie de soixante-dix autres terroristes, dans un tunnel datant de l'époque romaine, qui leur servait de refuge.

Originaire de Boufarik, il serait l'auteur de l'attentat qui avait coûté la vie à Monseigneur Claverie, évêque d'Oran, en juillet 1996. Il avait déjà abattu douze de ses lieutenants, tentés par la reddition.

 

Cependant,  sa mort était démentie quelques jours après; il a pu continuer ainsi à s'adonner dans la région à ses activités favorites de rapts, viols, égorgements et autres.

 

On peut observer que dans les articles de démentis, qui suivirent quelques jours après, le nom du village avait pris un, puis deux H !

 

Le Figaro, 25 juillet 1997

The Sydney Morning Herald (Australie), 29 juillet 1997

 

 

Depuis cela n'a pas cessé malheureusement. Il n'y qu'à utiliser un moteur de recherche sur le le Web pour trouver des dizaines d'articles relatant la violence qui frappe Attatba et sa région.                         

Comme toujours ce sont les innocents qui sont les plus touchés. Nous pensons à eux.

 

L'attaque terroriste a fait 12 morts et 7 blessés
Attatba : carnage au marché de gros

Un premier groupe armé a d'abord dressé un faux barrage au niveau du cimetière et a tué trois personnes. Le second groupe a alors investi le marché vers 5 heures du matin. Il a mitraillé neuf autres personnes, non sans achever, à l'arme blanche, les survivants. Les victimes, pour la plupart, sont des commerçants et des transporteurs de fruits et légumes....

(extrait d'un article d'avril 2000 édité sur le Web) flerouge.gif (1997 octets))

 

 

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